L’été dernier, une jolie carte postale tombait dans notre boîte aux lettres envoyée par mon beau-frère de son voyage en Ecosse qui s’était terminé quelques mois plus tôt. En regardant de plus près pour déterminer la raison du retard, force était de constater que la carte était passée par les Philippines avant d’arriver en Suisse. La faute à un adressage contraire aux dispositions officielles ?
Dispositions relatives à l’adressage (Royal Mail) :
1. Aucun code pays ISO (comme «CH» pour la Suisse) ne doit être placé devant le numéro postal d’acheminement des envois pour l’étranger.
2. Le nom du pays doit être écrit en anglais en majuscule et en alphabet latin sur la dernière ligne de l’adresse.
Je pourrais le penser jusqu’à la lecture d’une encre bleue de Julie dans la Tribune du 26 août qui faisait mention d’un cas similaire, suivie d’une autre encre bleue le 11 septembre intitulé « Le mystère s’épaissit… » :
‘Pourquoi faut-il donc que certaines cartes postales, expédiées de Londres ou d’Édimbourg, fassent un crochet par les Philippines avant d’arriver à Genève ?
Après avoir relaté dans une encre bleue un cas que l’on aurait pu croire isolé, de nombreux lecteurs m’ont fait part d’une expérience similaire : un courrier qui met deux à trois mois pour parvenir à destination et qui porte le cachet de la poste des Philippines en lieu et place du Royaume-Uni.’
Et « La Julie » de conclure : Bizarre autant qu’étrange (avec un clin d’œil involontaire au conférencier de la réunion de novembre du CPM).
Un bloggeur a remarqué que les codes postaux utilisés par PHLPOST (Philippine Postal Corporation) sont identiques aux codes suisses : la flamme utilisée par la poste britannique pour oblitérer ma carte postale (Please remember to write the postcode clearly) est alors pas de grande aide. Alors on peut supposer que le logiciel utilisé pour coder l’envoi est à l’origine du «détournement». Comme il est bien connu qu’il faut des ordinateurs pour bien semer la pagaille, le programme en suivant à la lettre les prescriptions d’adressage aurait alors ignorer le CH devant le code postal et en absence d’indication d’un pays connu (Schweiz n’apparaissant pas dans sa liste, contrairement à Switzerland) a décidé que les Philippines étaient la destination la plus probable.
Mais peut-être la chose est plus compliquée (ou même plus simple) parce que Julie fait aussi mention de nouvelles ramifications internationales : des personnes en France et en Belgique ont attendu trois mois également des cartes postales expédiées d’Angleterre par une Genevoise en vadrouille. Elles aussi ont fait un détour par les Philippines.
La solution de l’énigme se trouve-t-elle dans le code barre au bas de la carte ? Si quelqu’un possède la clé nécessaire pour la décoder qu’il fasse signe : Vive la philatélie moderne !
PS. Depuis la rédaction de l’article au début de l’année, il s’est avéré que la chose est plus compliquée (ou plus simple si vous préférez) - voir l’avant-dernière paragraphe de l’article. Alerté par la publication de M. Balimann dans le JPS (130e année, nr. 3 et 4) intitulée « Der Privatanbieter IFCC und die Schweizer Post », j’ai regardé très attentivement le timbre sur ma carte postale: oh horreur, l’image de la reine manque, alors ce n’est pas un timbre de la Royal Mail (la poste britannique officielle), mais d’une société privée (Universal Mail). Cette entreprise spécialisée dans l’acheminement des cartes postales depuis le Royaume-Uni vers l’étranger, a conclu un contrat avec Royal Mail qui permet à l’expéditeur de mettre ses cartes dans les boîtes postales du Royal Mail. Celle-ci tamponne les timbres d’Universal Mail et remet ensuite les cartes à cette entreprise. Universal Mail a un deuxième contrat, cette fois-ci avec la poste des Philippines. Alors les cartes sont envoyées comme fret vers ce pays et remises dans le circuit postal international par la poste philippine. Tout ce cirque apporte de l’argent à Universal Mail et à la Poste des Philippines, tandis que Royal Mail se tire de l’affaire par l’indemnisation qu’elle reçoit d’Universal Mail pour l’utilisation de ses boîtes rouges. Les perdants sont la poste du pays destinataire de la carte (qui est beaucoup plus faiblement rémunérée par les Philippins que serait le cas si Royal Mail lui avait remis les cartes) et le couple expéditeur/destinataire qui devra patienter plusieurs mois au lieu de quelques jours pour que la carte atteigne sa destination (pour le même prix!).

Courrier faisant fausse route